Un été, alors que je n’étais encore qu’une magnifique prépubère, mes parents nous avaient emmenées ma fratrie et moi voir une exposition dédiée au travail de Camille Claudel ; c’était à Dinan, en Bretagne, si mes souvenirs sont bons (oui c’était sûrement là car nous étions alors en plein mois de juillet et que n’importe où ailleurs, nous aurions choisi l’option « jouer au pouilleux sur la plage » à l’option « musée »).
Mais trêve de plaisanteries, on ne blague pas avec Mademoiselle Claudel.
Pour qui n’a jamais eu le bonheur d’aller étudier d’un peu plus près l’œuvre de cette immense artiste, je vous dis : bande de petits veinards ! Quel plaisir immense vous attend !
Je n’ai jamais rien vu de si puissant, de si sensible, de si fin, de si sidérant… Que les figures qui sont apparues sous les doigts magiques de cette femme. De quoi vous faire pâlir un Rodin.
Ce génie m’a appris à elle seule et le temps d’une exposition quel était tout le pouvoir de l’art : l’exaltation du sentiment, de l’émotion, la possibilité d’offrir une expérience sensible profonde.
Dès lors, elle était entrée dans ma vie pour ne plus en sortir et j’avais une nouvelle ambition : travailler la terre un jour.
Très vive, ce n’est que dix ans plus tard que j’ai poussé pour la première fois la porte d’un atelier parisien. Que je n’ai plus quitté. Cela va faire huit ans.
Ma démarche est la suivante : me concentrer sur une émotion, un ressenti fort ou une impression et travailler la terre jusqu’à ce que la figure produite corresponde, à force d’affinement, à ladite émotion.
Je pourrais aussi vous parler de ma fascination pour les visages anguleux, les corps émaciés, les signes du temps ou pour une certaine forme de violence, mais je ne le ferai pas.
Je pourrais également vous parler des visages des enfants, si compliqués à réaliser, mais tellement merveilleux. Vous parler de mon amour pour la grâce qui a semblé, très injustement, frapper certains corps plus que d’autres… Vous parler de la tendresse des animaux qui, non feinte, et donc nécessairement pure, me touche au plus profond... Mais là encore, je ne le ferai pas.
Seul le regard compte, et tous les discours que je pourrais tenir vous ennuieraient à coups sûrs. En espérant au fond de moi que cela vous plaise et vous émeuve.
Je vous souhaite donc une très bonne visite sur ce site et que la vie vous soit belle et douce !
Amitiés,
Céline.


